On se réveille à 7h15 et je suis de mauvais poil. Je ne sais pas pourquoi. Il a plu cette nuit et le ciel est grisâtre ce matin. On remballe le matos rapidement et l’on part ptit déjeuner au pied des sources d’eau chaude.
Une fois les flocons d’avoine avalés, nous prenons la direction du Nord en suivant le balisage jaune plutôt succinct. Je me demande comment on a pu rater les sources il y a 4 ans vu la fumée qui se dégage des solfatars… L’activité géothermique devait être moins importante car à 2-3 km, on voit encore les émanations.
On évolue sur un plateau qui surplombe le Vonaskard, sur mes traces de 2012. Au bout de quelques minutes Géraldine m’embrasse et mon mauvais poil s’évanouit… Merci ma gégé <3
On traverse un gué, on fait quelques plans vidéos, on discute, c’est parfait. Nous sommes seuls au monde, au milieu de ce désert minéral.
On quitte les balises et on file à nouveau plein Nord pour aller récupérer une piste 4×4. Au loin se dessine l’imposante silhouette du volcan Trolladyngja que l’on gravira demain, si tout se passe bien.
Nous gagnons la piste et nous la suivons de temps à autre. A l’heure du déjeuner, il se met à pleuvoir et on mange sur le bas-côté. Ce sera le spot le plus pourri du séjour ! Le lyophilisé est avalé en moins de temps qu’il faut pour le dire et on repart.
Au loin, nous apercevons de nombreux grains qui balayent le désert de lave situé entre nous et le Trolladyngja. Vaut mieux que cela tombe aujourd’hui ! Heureusement que le soleil perce de temps de temps…
On voit nos premiers humains en fin d’étape : deux voitures qui sont au niveau du pont que l’on a décidé d’emprunter. Je croise les doigts pour qu’ils s’en aillent rapidement. Je veux voir personne !
A proximité du pont qui nous permet de franchir à sec la rivière, il y a une superbe cascade : Gjallandi ! Le soleil perce à ce moment juste pour nous !
On traverse le pont et on remonte le courant rive droite pour aller se nicher quelques centaines de mètres au-dessus de la chute d’eau. De l’autre côté, sur le « parking », 1 puis 2 et 3 voitures viennent s’y arrêter pour admirer le spectacle. Heureusement, ils ne restent pas et on se retrouve seul pour de bon. Malgré le froid, je n’hésite à me déshabiller complètement et à aller me laver dans la rivière. L’eau est tout simplement glacée, elle arrive directement du Vatnajoküll qui est en face de nous… Mais cela fait un bien fou ! Géraldine rate une belle occasion de me prendre en photos, cul nul au milieu de la rivière avec mes superbes sandales grises ! Plus frileuse sur le moment, Géraldine ne saute pas dans l’eau totalement mais en profite pour se rincer les cheveux.
Lavé et rincé, on se cale dans la tente pour manger, bouquiner, se reposer. On est trop bien dans cette petite tente. Notre havre de paix pour 3 semaines… Et c’est encore mieux quand il pleut. On adore entendre le son de la pluie sur la paroi de la tente, se sentir à l’abri et protéger au milieu de ce terrain quelque peu hostile…
J’allume mon portable et je reçois des infos de la part de Jeff. Il m’envoie la météo au niveau du glacier pour les prochains jours. Tout semble ok. Jeff ? Je ne vous en ai pas parlé ? Bon, en fait, lors de la préparation du trek, j’ai pas mal erré sur les forums, notamment camptocamp.org. Je cherchais des infos sur le partie la plus sensible de notre itinéraire : la traversée du Bruarjoküll. Et Jean-François m’a contacté via ce forum et m’a dit qu’il faisait également la traversée du glacier, dans l’autre sens et au même moment que nous ! Quelle veine ! On va pouvoir s’envoyer des infos sur nos points d’entrée et de sortie du glacier et se faire un ptit café au milieu de la glace ! Vraiment hâte que l’on se rencontre. Soucieux de la météo, et à juste titre, car pas question de marcher sous la neige et dans le brouillard. On avait donc convenu qu’il m’enverrait des infos. Je reçois également ses notifications via sa balise GPS.
Cela nous rassure un peu, beaucoup je dirais même car, honnêtement, cette partie m’angoisse au plus haut point… C’est en effet la partie la plus « engagée ». Nous marcherons 40km sur de la glace, au milieu de nulle part, complètement hors des sentiers battus, vraiment à travers « champs ». Une vraie expédition ! On a peur et en même temps, on est excité, hâte de s’y frotter, de s’y confronter !
Quelques jours encore… enfin si on arrive à récupérer le colis…