Cela devient rébarbatif, mais on se réveille encore sous le soleil qui se lève sur le Vikursandur, c’est déjà magnifique. Je tâte mon genou, pas de douleur. Je me lève, pas de douleur. Je marche, pas de douleur. Apparemment les litres d’eau ont joué leur rôle. Je me détends, je ne vais pas abandonner. Pas ce matin en tout cas. Après récupération des piles qui étaient à charger (500 Kr…), on s’engage sur une piste 4×4 pour me ménager. Environ 30km de désert nous attendent. Auparavant, on s’est chargé en eau car, il y a, selon les rangers, pas d’eau. Or il y a une rivière qui coule au pied du glacier Vatnajokull. J’ai donc demandé pourquoi ne pouvait-on pas la boire, elle me dit (c’était une femme, la rangeuse) ” It is glacial river”, Bon ok, de la glace fondu quoi… Elle nous montre un pot de confiture avec de l’eau dedans, elle agite, et le liquide devient tout noir… Ultra chargée en particules fines, impossible à boire, impossible à filtrer. Le mieux est de s’approcher du glacier et de faire fondre de la glace. Bon on verra bien! On part donc, Mélanie, qui prend son temps, part après nous.
Au début, on longe les bords Est de l’Askja, le paysage est donc plutôt escarpé, le terrain est dur, c’est donc aisément que l’on fait les premiers kilomètres.
La route bifurque ensuite vers l’ouest, on se retrouve donc avec les bords sud de l’Askja à notre droite, le Vatnajokull à notre gauche et pas grand chose devant nous…
La piste passe à proximité d’un lac, Dyngjuvatn. Cela fait seulement une heure que l’on est parti, on a pas besoin de recharger. Faire l’aller retour, nous couterais plus en eau et en temps. Bref on continue…. Le terrain devient de plus en plus difficile, c’est littéralement du sable…
Il fait chaud, pas autant que dans le Sahara, mais suffisamment pour prendre une grosse suée. On s’arrête un moment pour un ptit en-cas. Une jeep passe.
Vous connaissez les mirages? pas ceux que l’on voit sur nos routes, non les vrais mirages, ceux où tu crois vraiment qu’il y a de l’eau!! Et bien dans ce désert on en a vus! Et même si tu sais que ce sont des mirages, il subsiste un doute, car tu as soif!
Mirages… eau désespoir…
Rien de particulier à raconter, on avance, au bout de 2-3h, on s’arrête pour manger, à l’abri du vent (oui le vent s’est levé) dans un paysage lunaire, mais alors vraiment lunaire!
Quand t’es dans le désert… Et bien tu médites, il n’y a pas grand chose à voir, alors tu avances, la tête dans le guidon, perdu dans tes pensées. Tu vois le glacier au bout de l’horizon, tu sais que tu dois être à coté le soir et pourtant tu n’as pas l’impression d’avancer…
Soudain, notre regard est attiré par quelque chose au loin, entre le glacier et le désert… Des tornades!! Enfin, on s’emballe pas, c’est pas grand chose, mais on voit que la piste fonce droit vers cette zone qui est en fait la plaine alluviale de la rivière glaciaire. Partiellement asséchée, le vent froid qui descend du Vatnajokull rencontre l’air chaud du désert à ce niveau là, ce qui engendre des tornades de sable.
Ce soir, on dort où on veut, quand on veut il n’y pas de place préférentiel, on fait du camping sauvage. Le vent nous pousse tout de même à nous rapprocher des montagnes afin de nous mettre à l’abri. Mais pour cela, on doit traverser une portion de la rivière glaciaire. L’eau qui s’écoule est en effet imbuvable. Pendant ce temps ma tendinite s’est réveillé, il est temps de s’arrêter. On déchausse, et c’est pieds nus que l’on traverse le gué, il n’y a pas beaucoup d’eau, jusqu’aux chevilles seulement, mais le terrain est sableux, voir argileux. De l’eau et de l’argile, cela donne quoi? De la boue, oui! Donc on ne traine pas trop, on s’enfonce parfois un peu, mais le climat sec des dernières semaines a bien asséché le terrain qui n’est pas trop spongieux. Première règle pour traverser les gués, ne pas le faire en fin de journée. C’est bien il est 16h30, 17h, le niveau monte à vue d’oeil!! on voit arriver des ptites vagues (10 cm pas plus), mais c’est impressionnant de voir les variations de débit en si peu de temps.On s’attarde pas et on s’arrête de l’autre côté pour attendre Mélanie. On voudrait pas qu’elle reste bloquée toute seule de l’autre coté. Tout se passe bien, elle passe nickel, et on s’arrête derrière un enfoncement de roche.
Après montage des tentes, on mange et on se couche tôt, le vent nous assaille par bourrasques, le sable et la poussière s’insinue partout. On est tout noir! Par contre pour dormir, c’est parfait…