Le vent est enfin tombé au cours de la nuit et il fait plutôt frais ce matin. Il est 6h, après le ptit déjeuner classique composé d’avoine, de lait déshydraté, fruits secs et café, nous regagnons le sentier balisé, désert à cette heure. Vue le vent qu’il y avait hier soir et les températures un peu fraîches, on a pris l’habitude de faire chauffer la bouffe à l’intérieur… Ptite boulette hier, le réchaud a touché le côté de la tente… Elle est bien ventilée maintenant!
Nous attaquons la journée par un petit col mais bien raide qui nous amène sur les terrains rouges, souffrés et fumant de la région du Landmannalaugar. Arrivé en haut du col, un vent de face cinglant et froid nous assaille. Géraldine traîne un peu, c’est vrai que c’est notre 4e jour et elle a malheureusement un début de tendinite au tendon d’Achille. Espérons qu’elle tienne le coup, on ajustera les étapes en fonction.
On pose un dernier regard sur le paysage verdoyant de la région de l’Alfavatn pour se tourner vers les collines colorées du Landmannalaugar. Il fait fait froid, il y a beaucoup de vent, cela sent le soufre et l’œuf pourri. Il y a de nombreux solfatars qui dégagent une fumée blanche nauséabonde.
On commence à croiser pas mal de monde s’arrêtant ça et là pour prendre des photos, marchant dans le sens inverse de notre progression. Nous traversons plusieurs collines de terres rouges, enchaînant des petits raidillons, des vallons et des ponts de neige pour apercevoir, au bout de 10km, le refuge de Hraftinnusker au loin, perché sur une montagne noire.
Nous nous y arrêtons pour prendre un 2e petit déjeuner, il doit être 10 heures et un café bien chaud nous fait du bien! On discute avec deux danoises bien sympathiques et un français un peu bizarre mais très sympa! Le gars se balade tout seul pour la première fois de sa vie et a passé ses 3 derniers jours avec un groupe de trekkeurs islandais, la chance!
Nous reprenons notre marche pour passer à travers de longues étendues de sable parsemés de morceaux d’obsidiennes, cette roche correspondant à de la lave vitrifiée et définie par sa cassure conchoïdale bien caractéristique (mon passé de géologue ressort…). Nous passons également devant la plaque commémorative de Ido Kenan, trekkeur mort en 2004 à quelques centaines de mètre du refuge. Cette plaque doit rappelé aux trekkeurs que l’Islande est rude et que même en plein été, les conditions météorologiques peuvent être horribles, et qu’il faut suivre les consignes des rangers. Pour plus détails sur cette sombre histoire, lisez cet article.
On avance bien, on discute, on profite, on est bien et ce malgré l’augmentation considérable de randonneurs au mètre carré. Nous nous posons face à la vallée de Jokulgil pour déjeuner puis nous reprenons la descente vers le Landmannalaugar. Au fur et à mesure de la descente, il y a vraiment de plus en plus de monde, c’est une véritable autoroute. Les trekkeurs côtoient les randonneurs à la journée et quelques personnes qui n’ont vraiment pas la carrure pour s’aventurer dans ces contrées…
Plusieurs sentiers conduisent au camp, nous optons pour celui qui passe à l’ouest afin de voir les prairies de fleurs de coton mais elles sont absentes au moment où l’on passe… Dommage! On enchaîne donc sur le sentier qui traverse la longue coulée de lave noire qui borde le flanc sud du camp. A la fin du sentier, un tractopelle est à l’oeuvre pour terrasser la coulée de lave et permettre l’accès à plus de personnes… L’Islande devient de plus en plus accessible et à n’importe qui… Cela devient moins sauvage… Mais si cela reste localisé tant mieux!
Nous arrivons enfin au camp du Landmannalaugar. Il y a du monde mais pas autant que je le pensais! Toutefois, la pression touristique a provoqué plusieurs changement notamment la présence d’un guichet où l’on doit faire la queue, obtenir des bracelets nous donnant accès aux douches et toilettes sinon c’est 500 couronnes! Il y a beaucoup de gardiens et qui vérifie systématiquement si on a bien payé notre emplacement. On sera victime d’un petit incident plus tard…
Bon, objectif colis! On sait qu’il est bien arrivé mais en quel état ?? On le récupère, il est complètement défoncé, et la compagnie de bus m’avait prévenu que quelque chose avait coulé à l’intérieur. On avait pensé aux bières mais c’était sans compter les ptits cadeaux que l’on s’était fait. Je m’explique. Avant d’envoyer les colis, chacun de nous deux a mis un ptit cadeau culinaire pour dans chaque colis. Géraldine m’avait préparé de quoi un ptit déjeuner comme à la maison, sauf que le pot de confiture s’est ouvert et répandu dans le colis ainsi que les biscottes qui ont éclaté et fini en miettes! Dommage… c’était si mignon…
Le point positif est que les bières sont intactes!! On va pouvoir se faire un super apéro avec chips, saucisson etc. On monte la tente et on nettoie toutes nos denrées collantes.
Le 1er problème est réglé. Il faut s’occuper du 2e colis qui a également un souci. Je viens enfin d’avoir du réseau et le suivi indique qu’il n’est pas toujours pas arrivé à destination et qu’il est bloqué à Reykjavik pour facture impayée!! Qu’est-ce que c’est que ce bordel!?? F*** Le colis est censé être livré à la compagnie de bus Myvatn Tour qui doit l’emmener au camp de Drekki près d’Askja. On est censé atteindre Drekki dans 5 jours… Je contacte donc la compagnie par mail et plus précisément Ragga, avec qui j’ai déjà conversé. En fait je les appelle. Aucune réponse. M*****
10 min plus tard Ragga me rappelle! Je lui explique le problème et elle me dit qu’elle va les contacter, que s’il y a quelque chose à payer, elle nous avancera et qu’elle va tout faire pour que le colis soit livré! Yahouu!! C’est l’ascenseur émotionnel!
Bon c’est pas gagné… Si on n’a pas ce colis, cela compromet tout le trek. Je pense à toutes les possibilités.. Aller le cherche à Reykjavik et perdre 2-3 jours? Se ravitailler à Myvatn?? Dans tout les cas, on perds 2-3 jours… Je regarde les cartes, et on décide de ,e pas faire les 2 jours de desert que l’on effectuera dans 6 jours entre Drekki et Kverkfjoll.
En attendant, on profite des lieux! Direction les sources d’eau chaude! Grosse déception au niveau de la température! Elle est tièdasse au niveau de l’escalier alors que 4 ans plus tôt c’était déjà difficile d’y rentrer… On va se coller au ruisseau brûlant et la chaleur n’est pas vraiment homogène, c’est une alternance de chaud/froid… On y reste quand même au moins 3/4 d’heure à discuter avec nos compatriotes qui peuplent les lieux. On ressort, douche et direction les nombreuses tables de bivouac pour un bon gros cassoulet!! Un délice!
De retour à la tente, Géraldine me montre son tendon d’Achille gros comme un poireaux… L’Ecosse me revient à l’esprit, on avait dû abandonner mais c’était au bout de 13 jours! On est que le 4e… J’espère que ça va le faire! Du coup, demain, qui est un jours de balade, et bien ce sera repos forcé pour Géraldine!
Au lit à 21h!