Départ pour le Laugavegur. Le Laugavegur, c’est le nom du trail qui rallie Landmanalaugar à Skogafoss. Réveil sous un temps nuageux et venteux, la température a bien baissé. Tout le monde en gore tex, pantalon et on attaque la coulée de lave qui se déverse sur le landmanalaugar. Au bout de 10 min, Baron casse un lacet. Donc petite pause :). Lacet réparé, on repars. L’ascension est relativement facile, on est rodé maintenant. Après 10 jours à marcher, on ne réfléchit plus, un pied devant l’autre et cela avance tout seul. On atteint plutôt rapidement le premier refuge au bout de 12 km environ, petite pause snickers. Le refuge a bien changé depuis la dernière fois, refait à neuf, et il y a maintenant plein de circuit de rando dans les alentours. Le site devient de plus en plus touristique. Le ciel est toujours bouché. On repart. Le rythme est encore élevé, çà m’énerve un peu mais moins puisque j’ai déjà fait cette partie il y a deux ans et il ne fait pas très beau, le paysage est caché par le brouillard.
La région est extrêmement active, il y a des fumerolles partout, on a l’impression que ca va exploser d’une minute à l’autre!!!
Le rythme de marche s’accélère de plus en plus, je commence à bouillir intérieurement… On a le temps bordel! On est à 7-8 km/h, c’est, à mon goût, trop élevé pour de la rando…
Entre deux collines, on passe devant un trou où l’eau jaillit de façon assez spectaculaire!
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On va tellement vite que l’on rattrape les Parisiens qui font une pause devant le Torfajokull qui est très proche de la trace. Il est clair qu’ils avancent pas très vite, 15km par jour, mais au fond ils ont bien raison, ils ont prévu une semaine pour le Laugavegur, autant prendre son temps. Bref, je les envie un peu sur le moment… Soudain, le ciel se dégage et l’on découvre la vallée de la Kaldaklofskvisl, avec le lac Alfavatn dans le fond. C’est magnifique!
Je suis bien content de cette vue, surtout qu’il y a deux ans, on avait rien vu en raison du brouillard. Suite à quoi, le rythme s’élève encore! Riquette part en mode trail, suivi par Gaetan et Baron. Pour ma part, c’est la descente du fascia lata acte 3. Je descends très lentement, vraiment mal au genou. On arrive enfin au camp d’Alfavatn, juste devant le lac. Je suis plutôt de mauvaise humeur… Il est en effet 12h, et l’on est censé faire quelques km de plus après le camp et s’arrêter. Je leur dit clairement que ça me saoule de marcher à cette allure, j’en vois pas l’intérêt. On a la journée entière pour faire 25-30km, pourquoi les faire aussi vite? Faut dire ce qu’y est, une fois les tentes montées, il n’y a pas grand chose à faire, à part lire, dormir ou explorer les environs (ce que je fais dès que possible). Bref, je fais un peu la gueule, on est pas sur la même longueur d’onde aujourd’hui. On bouffe et on décide de repartir. Baron n’est pas de cette avis, il est un peu crevé et il a mal aux pattes, et il veut rester au camping. Désaccord dans le groupe mais on décide tout de même de repartir pour 5km, au moins, aller au bout du lac. Il y a en effet une trace alternative, c’est cool! Baron fais un peu la gueule aussi et trace devant en échappée. Riquette et Gaetan sont derrière moi, en prenant soin de pas me dépasser 🙂 (çà me saoule encore plus sur le moment). Intérieurement, je me décide à leur dire demain matin que, ils n’ont plus besoin de moi (GPS et Carte), ils ont qu’à suivre le balisage, et que l’on se retrouve à l’arrivée de l’étape, je n’ai aucune envie de refaire une étape comme celle ci. J’ai pas été malin aussi, j’aurai pu les laisser partir devant, et aller à mon rythme, mais c’est pas aussi évident, j’avais envie de partager aussi… Pour la première fois depuis le début du trek, il y a une petite tension dans le groupe, enfin c’est ce que j’ai ressenti. On essaye de trouver un coin pénard pour poser les tentes en camping sauvage. Chose faite.
Plus de problème d’eau, un ruisseau et un torrent passe juste à côté. On s’interroge un peu sur le chemin à prendre pour lendemain, certain veulent reprendre la trace qui part sur la gauche de la montagne, d’autres veulent traverser le gué et passer à droite, en hors piste. C’est l’aventure, et perso, je suis plus chaud pour le hors piste et tant pis s’il faut faire demi tour. On a le temps, on est pas pressé…
Vu qu’il est relativement tôt, une fois les tentes montées, je pars seul explorer les environs. Ces petites virées seules me permettent de me retrouver, de faire corps avec le paysage et je n’ai plus à me soucier de l’allure de mes camarades. Je pars sur la gauche et je remonte un petit ruisseau dans un vallon très encaissé. En effet, le ruisseau a creusé les sédiments environnant sur 2 -3 mètres et je peux toucher en écartant les mains, les bords du vallon. Au détour d’un virage, je tombe sur une formation géologique plutôt jolie, impossible de définir ce que c’est, mais c’est stratifié 🙂
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Je progresse avec assurance dans le lit du ruisseau, jusqu’à ce que mon pied droit marche sur du sable mouvant… Je m’enfonce jusqu’au dessus du genou, et je me rattrape à temps en posant les mains sur les côtés du Vallon, sans quoi je me serai étalé de tout mon long dans la flotte… A partir de maintenant, je ne fais plus le malin, je marche sur les cotés du ruisseau! J’arrive enfin tout en haut, à la source et remonte sur la droite pour observer le panorama qui s’offre à moi.
Je prends sur la gauche et redescends un autre cours d’eau jusqu’à retrouver mes potes. La tension est retombée, on bouffe et au lit! 🙂